Aller au contenu principal
The Shifters

Décarbonons la Culture

Les initiatives

#6 Cyclogistic

Publié le 28 mai 2024 | Par The Shifters
Cyclogistic, une solution à deux-roues pour la logistique des événements culturels

Cyclogistic, une solution à deux-roues pour la logistique des événements culturels

Depuis 2018, Cyclogistic propose des solutions de transport éco-responsable pour les organisations du spectacle vivant, de l’événementiel et autres manifestations publiques.Circulation fluidifiée, rapidité de déplacement en milieu urbain, confort pour les équipes, faible impact carbone…dans cet épisode, Ludovic Thoris nous explique l’intérêt d’un transport de matériel en vélo-remorque.

Pour limiter votre impact, nous vous recommandons de télécharger le podcast :

Afficher la transcription de l'entretien

TRANSCRIPTION

Décarbonons la culture, c'est le podcast qui donne la parole aux professionnels du secteur culturel qui ont expérimenté des actions pour rendre leurs activités plus résilientes face aux enjeux énergétiques et climatiques. Ce podcast est réalisé par les shifters, les bénévoles du Shift Project.

Dans cet épisode, nous allons parler logistique de transport sur des événements culturels, avec Ludovic Thoris et sa société cyclogistic, dans la région de Rennes. Cet entretien a été réalisé à distance, donc merci d'être indulgent sur la qualité sonore. Bonne écoute.

0:40 - Ludovic Je m'appelle Ludovic, je suis gérant de "Cyclogistic transport éco-responsable”. J'étais en réflexion face aux enjeux climatiques (entre autres) qu’on allait devoir relever. Comment passer du spectateur à l'acteur ? Et j'ai eu la chance à la croisée de diverses expériences personnelles (quelques-unes bénévoles dans l'événementiel et le spectacle), et puis la chance de découvrir auprès de chez moi une entreprise qui réalisait de la logistique à vélo urbaine, de finalement croiser tout ça et découvrir, avoir l'envie de devenir acteur de cette tentative de décarbonation dans l'univers du spectacle en faisant du vélo. Et donc, depuis 2018, nous proposons des solutions de transport à vélo-remorque, à destination des organisations du spectacle et de l'événementiel. On intervient essentiellement sur des festivals de musique et autres événements culturels, que ce soit en centre-ville ou sur des sites spécifiques en plein champ, bord de mer, etc. L'objectif, c'est de pouvoir proposer un moyen de transport qui permette de ne pas utiliser les engins thermiques. Sur les événements, la majorité du temps, les moyens qu'on va avoir pour transporter des charges, quelles qu'elles soient, ça va être des véhicules utilitaires ou bien des chariots-élévateurs. Le vélo couplé à une remorque peut permettre de transporter des charges jusqu'à 300 kilos. On propose donc le transport de toutes ces charges intermédiaires sur les sites des événements en lieu et place des camions et autres chariots-élévateurs.

2:25 - The Shifters : **Alors tu disais qu'un vélo remorque peut transporter jusqu'à 300 kilos de charge, ce qui paraît énorme, sachant qu'un véhicule utilitaire (un petit camion) peut lui transporter environ 750 kilos de charge utile, soit un bon 2 fois plus, mais évidemment beaucoup plus vite. Alors donc un vélo peut vraiment transporter toutes sortes de charges avec ce poids ? **

Ludovic : On peut effectivement transporter tout type de matériel et de matériaux dans différents formats jusqu'à des limites de charges qui vont effectivement jusqu'à 300 kilos, voire au-delà. Cette rupture de charge dépend du relief et de l'état du site. Si on est sur quelque chose qui est relativement plat et roulant, on peut aller au-delà de 300 kilos assez facilement. Du reste, on a un matériel qui est relativement bien adapté et très efficace puisqu'on a un vélo électrique avec un moteur qui est assez performant, qui est couplé à une remorque à double essieux, résistante et très roulante également. On peut transporter des charges avec un vélo musculaire. Seulement là, on sera plus aux alentours de 150 kilos uniquement.

**3:40 - The Shifters : Chez les shifters, on sait que la puissance générée par le pétrole est énorme par rapport à la puissance musculaire humaine. Comment est ce qu'un vélo, même s'il est performant, peut rivaliser avec Iron Man, c'est-à-dire le chauffeur et son véhicule thermique ? ** Ludovic : L'idée du transport à vélo-remorque sur l'événementiel, c'est pas de remplacer les véhicules thermiques, c'est-à-dire les camions, les utilitaires ou les chariots-élévateurs, parce qu'ils sont bien plus puissants, ils ont des capacités de charge qui sont plus conséquentes. C'est d'optimiser leur utilisation, ça veut dire qu’un véhicule de 20 m3, il est fait pour transporter plus de 700 kilos de charge sur des distances conséquentes. Si on a 200 ou 300 kilos à transporter sur des distances qui sont de l'ordre de moins de 10 km, le vélo est largement capable de faire ça. Donc on est vraiment dans une utilisation qui va être liée à un contexte, c'est-à-dire la prise en charge des charges intermédiaires. L'autre intérêt, qui est très conséquent, c'est que, au vu du faible encombrement du vélo remorque, les cyclo-runners de Cyclogistic peuvent passer absolument partout. Ça veut dire qu'on peut rentrer dans un chapiteau, on peut rentrer dans un bâtiment, on peut circuler dans du public, on va pouvoir passer des couloirs de barrière d'accès public. On va pouvoir passer à travers tout ce qui est plot béton de sécurisation anti-bélier. Dans le contexte d'un événement centre-ville où la circulation va être difficile, le vélo-remorque devient plus que compétitif par rapport au camion. Le camion va effectivement transporter 700 kilos de charge. Donc on va avoir en général un chauffeur et puis une autre personne pour aider au déchargement. Le véhicule va mettre peut-être 1h à 1h30 à atteindre son point de livraison, ou la proximité de son point de livraison, quand le vélo va faire avec une charge de 300 kilos, 2 tours en 10 Min, seul… Le camion est évidemment n'a pas son intérêt dans ce contexte et donc le vélo est bien-sûr gagnant sur ce point.

**5:53 - The Shifters : Il y a des calculs qui sont faits sur l'empreinte carbone comparée entre les véhicules utilitaires et le vélo. Et pour ce qui est du vélo, d'ailleurs, ces calculs incluent la blanquette de veau qu'a mangée le cyclo-runner avant de commencer à monter sur son vélo. ** Ludovic : c'est des données qu'on peut trouver un petit peu partout. Pour un vélo électrique plus son pilote, on est à 21 g d'équivalent CO 2 du kilomètre. Pour un utilitaire de 15 ou 20 m3, on est entre 250 et 300 du kilomètre, et pour un chariot-élévateur, c'est assez compliqué parce que les données sont toutes un petit peu différentes. Certaines productions vont être mesurées à l'heure d'utilisation, comme les engins de chantier et donc il y a un petit un petit calcul à faire, mais on est aux alentours de 1,5 kg de production de particules pour un chariot-élévateur. Ca veut dire que quand on va réaliser 1 km en chariot élévateur pour transporter 3 tables de kermesse (parce que souvent ces fameuses tables de kermesse sont très présentes dans les événements). Avec un vélo-remorque on peut en transporter une dizaine en une fois. Et je vois très régulièrement les chariots élévateurs transporter ces petites charges. Il faut vraiment qu'on ait en tête que quand le vélo va transporter ces tables, il va produire un 21 g d'équivalent CO 2, quand le chariot, lui, va en produire 1,5. C'est vraiment énorme.

**7:22 - The Shifters : On va faire un focus maintenant sur différents événements culturels sur lesquels cyclogistic est intervenu, par exemple le Festival Interceltique de Lorient. C'est un festival qui a accueilli 900.000 visiteurs en 2022. Quel est le type de prestation que Cyclogistic a réalisé sur ce festival ? ** Ludovic : Sur le sur le Festival Interceltique de Lorient, il y a à peu près une cinquantaine de points de bars et restauration. Le festival est organisé dans le centre-ville sur essentiellement 2 grands boulevards et quais du port de Lorient. Nous avons en charge d'approvisionner tous ces bars et restaurants de 9h du matin jusqu'à 21h00 le soir. L'organisation était, avant notre venue, basée sur la circulation de différents véhicules de type 20 m3, 13 m3, qui longeait ces 2 boulevards et qui déchargeaient leur marchandises à destination des bars et des restaurants, à la main avec des diables, avec les moyens du bord et puis finissaient la livraison à pieds au milieu du public avec les contraintes que ça peut engendrer, quand on a à transporter 200 à 300 kilos de de marchandises à la main, dans les pavés, dans les graviers etc. Ce qu'on a mis en place au fil du temps sur le festival, c'est de proposer d'approvisionner ces ces bars et ces restaurants avec nos vélos-remorques. Dans la mesure où on peut passer dans le public en toute sécurité, on a pas de limite d'accès, ça veut dire que notre largeur de 1m20 nous permet de passer absolument partout et d'arriver au plus près des points de livraison avec notre chargement et de décharger dans le bar ou dans le restaurant. Et pouvoir circuler dans le public pendant l'exploitation de l'événement. On est passé d'un système où il y avait des livraisons camions toute la journée à un système où il n'y a plus que des livraisons camion le matin : toutes les grosses charges, les grosses palettes d'eau, les gros approvisionnements… Les camions arrêtent de rouler à partir de 10h le matin et le relais est pris par les cyclo-runners à vélo.

**9:47 - The Shifters : Et ces cyclo-runners peuvent transporter toutes sortes de charges, pas seulement des approvisionnements pour la restauration. Sur d'autres festivals, vous pouvez être amené à transporter des équipements beaucoup plus fragiles comme des instruments de musique ou du matériel scénique, et c'est le cas d'un festival qui s'appelle “I am from Rennes”. **

Ludovic : Le Festival I'm from Rennes, qui est un festival qui met en avant les acteurs locaux de la scène musicale Rennaise, donc un festival à l'échelle de de la ville et un petit au-delà de la métropole, a fait appel à nos services avec l'objectif de décarboner totalement leur logistique. Leur organisation de base utilisait, un véhicule de 20 m3 et quelques véhicules personnels pour assurer le transport de l'ensemble du matériel dont ils avaient besoin, et notamment tout le backline, c'est-à-dire le matériel de chaque groupe de musique pris en charge depuis le domicile des artistes jusque le lieu de jeu et le retour de ce matériel, de ces guitares, de ces instruments chez les artistes. On a donc construit une solution qui nous permet aujourd'hui de, à fois pouvoir dispatcher le matériel logistique nécessaire au festival pour monter les scènes (électricité, ce genre de choses), puisque le festival joue dans plusieurs endroits de Rennes et nous prenons également en charge le transport de tout le backline de tous les artistes depuis leur domicile jusqu'au lieu de jeu et du lieu de jeu jusqu'à leur domicile, à la place des véhicules. Ce faisant, les artistes se voient proposer par le Festival le paiement d'un ticket de métro ou d'un ticket de bus ou la possibilité de venir à vélo pour réaliser leur concert et rentrer chez eux. Tout le transport matériel est réalisé à vélo avec les cyclo-runners de Cyclogistic

**11:50 - The Shifters : Cyclogistic existe depuis 2018 et les retours d'expérience peuvent être utiles aux organisateurs qui souhaiteraient mettre en place des dispositifs similaires. Voici un 3eme exemple où la logistique à vélo peut être parfois plus efficace qu'une logistique classique carbonée. Nous continuons cette entretien avec Ludovic Thoris **

Ludovic : À titre d'exemple un festival du cerf-volant sur la commune de Châtelaillon, avait de grosses difficultés à gérer la collecte de ses déchets. Il se trouve que le festival a lieu sur un front de mer. C'est une voie classique de circulation qui est mise en voie piétonne à la période de l'événement. Sur 3 jours, ce festival accueille à peu près 150.000 personnes, 50000 personnes par jour. Vous imaginez la quantité de déchets qui peuvent être produits et jetés dans les contenants publics de ce fronton. Beaucoup de solutions étaient testées par les services techniques de la mairie, que ce soit du camion-benne classique avec plusieurs ramasses par jour, ou des plus petits véhicules électriques, etc. Il n'y avait pas grand-chose qui fonctionnait. Ils nous ont contactés en nous demandant si on avait la possibilité de tester des choses. On a mis 2 cyclo-runners en aller-retour permanent sur ce front pour réaliser les ramassages des sacs. Encore une fois une largeur hors-tout de 1m20, on a effacé toutes les difficultés de passage des véhicules classiques qui étaient utilisés auparavant, avec un résultat assez conséquent puisqu'on a dû faire une benne de déchets de 40 m3, à 2, sur 3 jours de festival. L’opération va être reconduite l'année prochaine avec peut-être l'élargissement sur certains autres secteurs.

**13:55 - The Shifters : Cyclogistic a également pour projet, avec certains organisateurs, de collecter des données comptables. Une sorte de chiffrage avant-après la mise en place de la logistique à vélo. Est-ce que tu peux nous en dire 2 mots ? **

Ludovic : Effectivement, ça paraît important à un moment d'avoir des données et des choses quantifiables. Le souhait serait de pouvoir, sur un événement sur lequel on n'a pas encore apporté nos solutions de transport à vélo, de pouvoir faire une étude au préalable de l'utilisation des véhicules utilitaires, des chariots élévateurs, dans le cadre des fonctions où nous interviendrions à une année N +1. Donc prendre ces mesures à l'année n +1, avec notre intervention et la mise en place de nos solutions, et faire des comparatifs. On aurait des choses quantifiables, comme l'impact de la solution cyclo-runner sur le nombre de kilomètres parcourus par les différents véhicules qui sont mis à disposition pour l'événement, de la consommation de carburant, des différentes charges livrées, et des quantités, etc.

**The Shifters : Ces études, pour le moment, ce n’est pas encore en place, c'est en cours… **

Ludovic : Ça n'a pas encore été mis en place, mais c'est en cours. Effectivement. Quelque chose qu'on a travaillé par contre avec le Festival Interceltique de Lorient, c'est de commencer déjà à affiner et à adapter l'organisation logistique du Festival à l'intégration des cyclo-runners. Ça veut dire que tous ces bars et restaurants dont je parlais tout à l'heure passent des commandes d'approvisionnement via un logiciel. Des bons de préparation sont édités. Une équipe de bénévoles-magasiniers prépare les commandes qui vont être mises à disposition pour être livrées sur les différents bars et restaurants. Avec l'intégration d'un logiciel de données de poids et de volume pour chaque produit. C'est un travail de très longue haleine qu'on a entamé. C'est vraiment très intéressant parce l'événement à le souhait d'optimiser et de faire des changements dans son organisation pour faire une place vraiment importante à l'outil logistique vélo.

**16:12 - The Shifters : Toujours pour les personnes qui auraient des envies de décarboner leur événement culturel, est-ce que tu peux nous dire à quel frein on peut s'attendre quand on propose un tel changement dans les pratiques ? En fait, quel retour d'expérience tu peux en faire ? **

Ludovic : Il y a toujours un petit frein sur le premier contact, sur le fait que l’on ne peut pas faire de la logistique avec un vélo et une remorque. C'est pas possible. On fait de la logistique avec des camions, avec des gros engins, mais on peut pas faire grand chose avec un vélo. Le premier contact se fait un petit peu dans l'incrédulité “Mais vous n’allez pas pouvoir nous apporter quelque chose avec un vélo et une remorque”. Et puis ceux qui ont quand même l'envie de tester des choses nous sollicitent. On fait une première prestation et là, systématiquement, la démonstration est faite au bout de 2 jours de l'efficacité, de l’intérêt et de la pertinence de la solution sur sur l'événement. La deuxième chose c'est “moi mon 20 m3, il me coûte 50€ vous allez me coûter le prix d'un technicien” Et il se trouve que le cyclo-runner est autonome, sait faire du transport, de la manutention, est aussi capable de faire du montage, capable d'organiser ces différentes missions, capable d'intervenir dans différents domaines…. Il apporte aussi finalement un gain de temps parce que, comme je le disais tout à l'heure, quand le camion va mettre 45 Min à aller livrer du matériel et que le vélo est capable de le faire en 8 Min on a un gain de temps et ce gain de temps est évidemment du temps libre pour faire autre chose… et donc une économie. Tout ça est prouvé sur le terrain. On nous attend pour la première, et systématiquement on a toujours nos preuves à faire. Donc effectivement, passer une première édition sur le la mise en place de nos solutions. On a 100% des événements sur lesquels on a travaillé une première fois qui nous ont recontacté et resigné pour l'édition suivante, puis l'édition suivante. Et on a toujours été dans des sollicitations qui allaient vers davantage de solutions vélo sur les événements où on avait travaillé. Je pense que c'est les bons indicateurs de l'efficacité de la solution vélo sur un événement par les organisateurs.

**18:45 - The Shifters : Toi, Ludovic, tu travailles dans un univers de “gros matos”… Du matériel de logistique, de transport, de manutention. Comment est-ce que la perception de ton activité a évolué ? **

Ludovic : Au commencement, en 2018, on avait parfois un regard un petit peu jugeant, ou un petit peu idéaliste de gens qui pensaient que c'était un petit peu du folklore tout ça. Et puis on voit bien la vitesse à laquelle évolue la problématique et puis les enjeux auxquels on doit faire face. Il semblerait que les gens en prennent de plus en plus conscience Aujourd'hui on a véritablement un bon contact avec le public, les passants, les différentes personnes auprès de qui on peut évoluer. On nous arrête souvent pour nous demander “mais qu'est-ce que c'est que ce matériel, qu'est-ce que vous faites ici, comment vous le faites, les capacités…” Et nous, on aime à penser que quand les gens nous voient avec des charges de 300 kilos déplacées sur un événement…les gens vont voir ce qu'on réalise, ils vont dire : “il y a vraiment un effort de fait, on est dans le positif, on est dans l’éco-responsabilité, on est dans le changement”… c'est intéressant, donc c'est facilitant. Les gens vont se pousser, les gens vont donner un petit coup de main, un petit sourire…le contact se passe bien. On a envie de croire que l’on peut être aussi, finalement, dans la prévention et dans la diffusion de comportements peut-être un peu plus éco-responsables et réalistes au final, puisque ça reste complètement faisable.

**20:22 - The Shifters : Cyclogistic développe l'outil vélo sur les événements culturels, mais ce n'est qu'un exemple parmi les multiples situations où la logistique à vélo peut trouver sa place. Pour terminer, tu t'intéresses aussi au développement de cet outil. **

Ludovic : Je suis personnellement impliqué au niveau national dans le développement de la logistique à vélo d'une manière générale. A titre d'exemple, je réalise pour la Bretagne, des formations et des temps d'informations auprès des artisans et des porteurs de projets qui souhaiteraient quitter le véhicule utilitaire pour aller sur le vélo. À titre d'exemple, un plombier qui à la majorité de ses contrats en centre-ville prend beaucoup d'amendes de stationnement, a énormément de difficultés à rejoindre ses lieux de chantier. Les professionnels des différents secteurs de la logistique vélo, on les accompagne, on les conseille là-dessus. Je crois que l'outil logistique vélo dépasse l'événementiel de spectacle et la culture et peut trouver des applications dans tous les domaines. Le point de départ de cet outil, c'était la logistique urbaine pure et la livraison de colis. Aujourd'hui, on peut imaginer des solutions avec cet outil dans tous les domaines et c'est quelque chose qui est vraiment très encourageant et pour lesquels on a envie de rester motivé et de s'investir.

22:00 - Eclairage The Shifters :

Dans le secteur culturel, la mobilité est certainement le sujet où la dépendance aux énergies fossiles est la plus manifeste. Dans de nombreux cas, que l’on s’intéresse à un festival de musique, à une librairie, à un théâtre ou à une salle de cinéma, les transports représentent 70% à 90% de leur empreinte carbone. Difficile pour un festival d’échapper à l’inlassable ballet de véhicules thermiques qui vont et viennent, transportant des personnes et du matériel d’un endroit à un autre. Mais les équipes organisatrices ont par contre toutes les cartes en main pour agir au niveau de leur fonctionnement logistique. C’est là que cyclo-logistique et ses nombreux co-bénéfices, entrent en jeu : d’abord en termes de conditions de travail pour les techniciens et bénévoles, puisque le vélo permet d’aller au plus proche des points de livraison, ce qui a pour effet de limiter la manutention ensuite en termes de sécurité, dans la mesure où les vélos chargés peuvent circuler au milieu d’une foule sans risque majeur et enfin en termes d’ambiance et d’image pour le festival, puisque faire le choix du vélo envoie un signal fort auprès des publics Avec Cyclogistic, Ludovic Thoris se situe au croisement de l’événementiel et de la logistique urbaine à vélo. Et c’est un véritable succès, documenté par la revue La Scène, un magazine dédié aux professionnels du spectacle. On peut lire qu’en 2023 sur le Festival Interceltique de Lorient, le poids des livraisons auprès des bars et restaurants réalisées à vélo dépassait celui des livraisons effectuées en camion. Concrètement, cela signifie plus de 11 tonnes déplacées par 2 cyclo-runners, pour une centaine de points de livraison, contre 10,5 tonnes pour les véhicules thermiques.

https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7176612165326393345/ https://boutique.lascene.com/common/product-article/551

Non seulement le vélo est considéré comme une alternative viable aux véhicules thermiques, mais les équipes commencent même à l’envisager en premier recours et non comme une option secondaire. Pour Ludovic, les deux mondes vont devoir cohabiter : le vélo partout où c’est possible, les camions et chariots-élévateurs là où c’est nécessaire. Mais, ne nous méprenons pas, un vélo ne remplacera jamais un véhicule thermique, au sens où la puissance développée par une petite voiture citadine est de l’ordre de 500 fois celle d’un cycliste en train de pédaler. https://jancovici.com/transition-energetique/l-energie-et-nous/combien-suis-je-un-esclavagiste/

La comparaison est tout simplement impossible. En revanche, les véhicules thermiques sont parfois inadaptés et leur utilisation peut même être contre productive dans certains cas : par exemple, sur des courtes distances, sur des voies non carrossables ou encombrées, ou pour des petites et moyennes charges. En tant que professionnel·les de la culture, il nous appartient de repenser nos manifestations artistiques de manière à remettre le véhicule utilitaire à sa juste place. L’idée est de se défaire de ses habitudes pour intégrer pleinement le vélo à l’organisation, que ce soit en intra-festival, ou en lien avec ses prestataires et partenaires. Ce mode de transport doux opère une sensibilisation discrète et efficace auprès des équipes et du public, en donnant une représentation concrète de ce qui est possible. Les prestataires qui sont en capacité de proposer ce service sont encore rares, mais l’entreprise Cycladelle basée en bordure de Roubaix s’est lancée dans l’aventure en 2023, et on peut espérer que cela se développe dans les prochaines années. Il y a aussi un enjeu à favoriser les logiques de mutualisation, de coopération, et les échanges d’expérience entre pairs. Pourquoi ne pas investir dans des vélo-remorques partagés, utilisés à l’année sur différents événements ? https://www.cycladelle.fr/ Bien entendu, le passage au vélo invite à repenser en profondeur les rythmes de production et de diffusion. Impossible d’imaginer tourner en vélo si l’on doit être lundi à Marseille, mardi à Lille et mercredi à Toulouse. Impossible d’envisager une logistique événementielle à vélo si l’on considère la puissance et la vitesse maximales comme seules mesures de performance d’un véhicule, quel qu’en soit le besoin. On retrouve le ralentissement et la relocalisation des activités parmi les grandes dynamiques de transformation mentionnées dans le rapport “Décarbonons la culture” du Shit Project. Le vélo peut être mis au service de cette transformation, avec de nombreux effets vertueux, comme cela a été évoqué dans l’interview. C’est ce que le Shift Project appelle une mesure “positive”, dans le sens où elle participe à la transition d’autres champs d’activité et peut avoir un effet d’entraînement. Si vous êtes acteurs de la culture, et que vous questionnez la logistique de vos événements, sachez que des alternatives crédibles existent.

Initiatives ID image
Initiatives ID image

Fiche d'identité de l'initiative

Contact
Mise en œuvre :2018-En coursStructure :CyclogisticInterlocuteur :Ludovic ThorisThématiques :
mobilitéArts vivantsréduction des échellesBretagneprestataires

Ces témoignages devraient également vous intéresser

#1 Le Centre Juno Beach (1/2)

Publié le 12 juillet 2023 | Par The Shifters

Bilan de gaz à effet de serre, plan de développement durable, déplacements des visiteurs, tarif bas carbone, volonté de la direction...Maxime Bouché nous décrit la démarche et les actions du Centre Juno Beach, lieu de mémoire et culturel en Normandie.

Thématiques:

mobilité+ 4

#2 Le Centre Juno Beach (2/2)

Publié le 12 juillet 2023 | Par The Shifters

Comment embarquer une équipe autour de l'enjeu de la décarbonation ? Quel lien un lieu de mémoire peut-il faire entre Histoire et réduction de l'impact environnemental ? Dans cet épisode, nous parlons avec Nathalie Worthington de valeur, sens et prise de conscience.

Thématiques:

tranversal+ 4

#3 La compagnie Mange Nuage

Publié le 12 juillet 2023 | Par The Shifters

Comment fait-on du trapèze sur un catamaran ? Comment se déroule et s'organise une tournée de cirque à bord d'un bateau ? Quel lien peut-on créer entre art et science ? Dans cet épisode la compagnie Mange Nuage nous donne envie de prendre le large !

Thématiques:

mobilité+ 4